Définition
Précipitations apportant sur un court laps de temps (de l'ordre d'une heure à une journée) une quantité d'eau très importante qui peut représenter la quantité reçue habituellement en un mois (normale mensuelle) ou en plusieurs mois.
Des cumuls de l'ordre de 50 mm (ou l/m2) en 24 heures dans les régions de plaine et de l'ordre de 100 mm en 24 heures dans les régions montagneuses sont considérés comme des seuils critiques, dont le dépassement peut provoquer, lorsque la nature du terrain s'y prête, de graves inondations. Sur les régions méditerranéennes, les cumuls observés peuvent dépasser 500 mm en 24 heures.
Pour les phénomènes les plus violents, les intensités peuvent dépasser les 100 mm en une heure.
Pour en savoir plus, voir le site « Pluies extrêmes »
Description des mécanismes
Les précipitations intenses résultent de plusieurs types de conditions météorologiques :
Orages violents et stationnaires, ou succession d'orages sur un même lieu. L'échelle spatio-temporelle des orages est très variable. Les orages sont généralement formés de plusieurs cellules convectives. Ces cellules orageuses ont généralement une dimension de l'ordre du kilomètre et une durée de vie d'une vingtaine de minutes, mais des supercellules peuvent se développer atteignant une dimension de 20 à 50 km et une durée de vie dépassant l'heure. Quand les conditions sont favorables, en été principalement, les cellules convectives se regroupent pour former de vastes systèmes convectifs de moyenne échelle, dont la dimension peut dépasser 300 km et dont la durée de vie peut être supérieure à une journée.
Front froid stationnaire ou ondulant d'une perturbation océanique. Les fronts actifs peuvent engendrer des bandes de fortes pluies dont la succession peut donner lieu à des cumuls localement importants. Les effets de blocage des nuages précipitants au vent du relief peuvent également générer des précipitations conséquentes (de l'ordre de 100 mm en 24 heures).
Dans tous les cas, le soulèvement de l'air sur le versant d'un relief exposé au vent provoque une augmentation des précipitations. Dans les régions méditerranéennes, les situations de vent de sud, avec des remontées d'air chaud et humide, peuvent provoquer des cumuls de pluie de plusieurs centaines de mm en quelques heures, en particulier durant l'automne. Selon le contexte de grande échelle, ces épisodes prennent des formes différentes.
Des systèmes convectifs peuvent dans certaines conditions être stationnaires. L'imagerie satellite et radar ayant la forme caractéristique d'un V, on parle alors de « systèmes en V ». Dans ces systèmes, les cellules orageuses naissent à la pointe du V, se développent en se propageant vers le haut du V, puis meurent, alors que s'en créent de nouvelles, toujours à peu près au même endroit. Ces systèmes sont générateurs d'énormes quantités de précipitations.
La présence de convergence dans les basses couches de l'atmosphère, ainsi que l'existence d'un soulèvement orographique – dû au relief - qui par nature est stationnaire sont des conditions favorables à la formation de tels systèmes.
Ainsi, par vent de sud-est, les épisodes méditerranéens produisent des pluies orageuses durables sur le Sud-Est du Massif central. Mais les situations à pluies diluviennes peuvent aussi concerner le Roussillon (14 et 15 octobre 2018), les Alpes du sud (10 et 11 décembre 2017) ou la Corse (23 et 24 novembre 2016).

Dégats, effets, conséquences
Les dégâts provoqués par les précipitations intenses dépendent des caractéristiques de la zone concernée : topographie, implantation des activités humaines et urbanisation, nature et état de saturation en eau du sol, etc. Le phénomène peut passer inaperçu dans une zone peu habitée.
Une succession d'épisodes de pluies modérées sur un sol saturé peut entraîner des dégâts.
La vulnérabilité locale est importante. En secteur urbain, le très fort ruissellement sur les surfaces imperméabilisées peut saturer le réseau d'évacuation des eaux pluviales et causer des inondations, avec des dégâts considérables (secteur de Cannes le 3 octobre 2015 ou Nîmes en 1988).
Les précipitations intenses provoquent aussi des crues-éclair dévastatrices, en particulier dans les zones montagneuses (situations observées notamment lors des catastrophes de Vaison-la-Romaine en 1992, du camping du Grand-Bornand en 1987 ou dans le secteur de Draguignan en 2010).
Les dégâts peuvent être aggravés par d'autres facteurs : violentes rafales de vent, grêle, foudre, fortes vagues et surcote océanique, perturbant l'écoulement des eaux fluviales vers la mer comme dans l'Aude le 12 novembre 1999, ou situation hydrologique préoccupante en raison de la saturation des sols par les pluies durant les semaines précédentes comme à Puisserguier (Hérault en 1996) ou lors de la crue du Rhône de 2003.
Historique
Si le reste du territoire n'est pas épargné, les précipitations intenses sont particulièrement fréquentes dans les régions méditerranéennes.
Il est impossible d'établir un recensement exhaustif des précipitations intenses en raison de la taille parfois très réduite du noyau des précipitations les plus violentes. Certains événements peuvent être sous-estimés voire ne pas être détectés, même par le réseau actuel de pluviomètres malgré sa bonne densité (environ 3840 postes pluviométriques pour le réseau en France métropolitaine en 2011). Les radars pluviométriques déployés progressivement sur le territoire français depuis 1980 limitent maintenant le risque de non détection d'une pluie intense en apportant une vision spatiale des évènements pluvieux.
Pour en savoir plus sur les réseaux de mesure des précipitations :
Durées de retour : un des problèmes fréquement posé est de savoir la fréquence à laquelle une quantité de pluie équivalente pourrait à nouveau tomber. Pour cela on calcule, à partir des séries de données observées, quelles sont les valeurs susceptibles d'être dépassées en moyenne une fois tous les 5, 10, 20, 50 ou 100 ans, avec des lois statistiques.
Accès aux méthodes de calcul : http://pluiesextremes.meteo.fr/france-metropole/Les-durees-de-retour.html
Perspectives face au changement climatique
Pour étudier l'impact des activités humaines sur le climat, les chercheurs utilisent des modèles climatiques dont la résolution spatiale est encore trop faible pour tirer des conclusions définitives sur l'évolution de la fréquence des précipitations intenses en France. Il est néanmoins vraisemblable que le réchauffement climatique s'accompagnera d'une augmentation de l'intensité des précipitations lorsqu'elles se produisent.
Il existe un indicateur : « Pluies diluviennes dans le sud-est méditerranéen de la France » établi par Météo-France et diffusé sur le site de l'Onerc. Il recense les épisodes d'intensité supérieure ou égale à 150 et 200 mm en 1 jour sur les régions méditerranéennes.

Comment se prémunir des risques ?
La vigilance météorologique comprend les paramètres « pluie-inondation » qui correspond à une situation de fortes précipitations avec ou sans crues et « inondation » qui correspond à une situation de crues seules. Ils sont issus de la mutualisation des expertises de Météo-France et du réseau de prévision des crues (Le Schapi) et s'appuient sur la vigilance crues (vigicrues.gouv.fr). Lorsqu'un département est en vigilance rouge ou orange pour de fortes précipitations, Météo-France émet des bulletins de suivi régionaux et nationaux. Si le département est en vigilance orange ou rouge pour un débordement d'un cours d'eau surveillé, le site de la vigilance renvoie vers le site vigicrues.gouv.fr.
Les bulletins de suivi donnent un suivi régulier de la situation météo : ce qui est déjà observé, ce qui est prévu, les conséquences possibles et les comportements à suivre :
- Renseignez-vous avant d'entreprendre vos déplacements et soyez très prudents.
- Respectez, en particulier, les déviations mises en place.
- Ne vous engagez en aucun cas, à pied ou en voiture, sur une voie immergée.
- Dans les zones habituellement inondables, surélevez les objets susceptibles d'être endommagés et surveillez la montée des eaux.